Le Liadou de Conques

Comme la plupart des grands monastères français du Moyen Âge, celui de Conques disposait d’un patrimoine foncier de toute première importance – son « temporel » –, constitué de bénéfices ecclésiastiques, de prieurés, d’églises mais aussi de terres et de vignes… et de droits sur celles-ci. Le cartulaire de l’abbaye rouergate rassemble ainsi 571 chartes de donations, de ventes ou d’échanges effectués en faveur du monastère, entre 801 et 1225.

À Conques, une présence attestée de la vigne, depuis le IXème siècle

Ainsi que l’atteste cette précieuse documentation d’archives, la vigne semble omniprésente dans la région de Conques, et ce, dès 883 (au hameau du Verdus, sur les hauteurs de Saint-Cyprien) !

Sur les 28 localités du Rougier de Marcillac apparaissant dans le cartulaire, 12 d’entre elles possèdent des vignes sur leur territoire. Il s'agit de vignes « plantées », « édifiées », ce qui signifie qu’elles étaient déjà aménagées en terrasses, sur les versants.

La vigne à Conques

Dès le XIe siècle, on connaissait dans la région le principe de la complantation et un vocabulaire spécifique transparaît dans ces actes médiévaux. Il est ainsi question de pressoir (torcularium), de cave (sotolo), de cuves (cubas) et de tonneaux (tonnas)… C’est aux environs de 1100 que le terme même de « vignoble » (sous sa forme occitane, vinobre), se rencontre pour la première fois.

Mais un siècle auparavant, vers 1013, c’est dans une cave située dans le hameau de Molières (aujourd’hui commune d’Escandolières), non loin de Glassac et de Saint-Christophe, au coeur donc du vignoble de Marcillac, que les moines de Conques conservaient leur vin… ou tentaient de le conserver puisque, selon un récit du Livre des miracles de sainte Foy, un seigneur du lieu, nommé Hugues, avait missionné deux de ses serviteurs pour s’en emparer. Sur l’intervention de la sainte, dont les reliques étaient parvenues en terre rouergate vers l’an 866, l’opération échoua lamentablement, et les coupables perdirent la vie dans d’horribles souffrances…

Depuis les temps les plus anciens, la culture de la vigne reste donc indissociablement liée à la prodigieuse histoire de l’abbaye de Conques, et malgré la rareté des sources documentaires conservées, on peut affirmer, sans crainte d’erreur, que la naissance et l’extension du vignoble de Marcillac s’inscrivent aussi dans ce même contexte. Assurément, ici comme ailleurs, les moines restent et demeurent les « pères de la vigne » (patres vinearum) !

×