« L’église de Sainte-Foy est du petit nombre de celles qui ont conservé des vases et des reliquaires précieux soit par leur matière, soit par leur origine… Je n’étais nullement préparé à trouver tant de richesses dans un pareil désert… » Ainsi s’exprimait l’inspecteur des monuments historiques Prosper Mérimée lorsqu’il découvrit, en 1837, le trésor d’orfèvrerie de Conques. Cet ensemble unique d’œuvres (reliquaires, autels portatifs, châsses, croix de procession…), venues du plus lointain Moyen Age, fut miraculeusement sauvé à plusieurs reprises de la destruction, notamment pendant la période révolutionnaire (1792-1794). Fait certes relevant du miracle, mais que l’on doit cependant aussi à la volonté des habitants, soucieux de ne pas voir profanés les corps saints que ces différents reliquaires abritaient.
L’un des plus importants trésors d’orfèvrerie de la Chrétienté médiévale
Ainsi s’est perpétué à Conques, au cours d’un long millénaire, le culte des reliques que d’innombrables pèlerins – certains fortunés – venaient vénérer ici même depuis la seconde moitié du IXe siècle : celles du Christ, de la Vierge, mais aussi et surtout de sainte Foy, une jeune chrétienne d’Agen, martyrisée en 303.
Progressivement, de talentueux orfèvres ont conçu, à partir de métaux nobles (or, argent), ces somptueux reliquaires sur âme de bois, enrichis de pierres dures et précieuses, de camées ou d’intailles antiques, d’émaux champlevés ou cloisonnés, de bijoux offerts par des particuliers…
Exécutée durant l’époque carolingienne (après la « translation furtive » des reliques de la sainte vers 866), la Majesté de sainte Foy constitue bien évidemment la pièce maîtresse et quelque peu déroutante de cet incomparable Trésor d’orfèvrerie qui assure à Conques, sur le plan de la création artistique, une notoriété internationale.
En effet, cette statue-reliquaire ne manque pas de surprendre, aussi bien en raison de sa posture hiératique que par son regard fixe et terriblement impressionnant. Il est vrai que sa tête provient d’un masque d’empereur du Bas-Empire !